Si on l’appelle le Boss, c’est pas pour rien : des concerts géniaux, une énergie incroyable et des albums légendaires (effectivement, je suis un fan), et en plus il paraît qu'il est super sympa. Dans tous ses disques, on trouve des perles, mais aujourd’hui, il va falloir faire des choix. Il va falloir classer. Oui, la tâche est difficile, oui, les décisions seront rudes mais au final, il n’en restera que cinq. Les cinq meilleurs.
Bien sûr, chacun a ses propres opinions sur ces albums, vous pouvez donc mettre votre propre classement dans les commentaires et débattre, c’est tout en bas.
Maintenant, assez parlé, on commence.
Bruce Springsteen et le E Street Band, 1977
#5 : Wrecking Ball, 2012
Wrecking Ball (Columbia Records, 2012)
Peut-être que c'est lié au fait que c'est la première tournée de Springsteen que j'aie vue, mais je trouve que cet album est excellent. Le son est super et les chansons sont toutes réussies (à l'exception de "Rocky Ground", qui est assez moyenne, mais qui n'est pas déplaisante dans l'album). Les morceaux tels que "Land of Hope and Dreams" et son solo de saxophone poignant par Clarence Clemons, "Death to My Hometown" avec ses cuivres et violons entraînants ou la chanson-titre, "Wrecking Ball" initialement écrite en hommage au Giants Stadium, mais qui prit un tout autre sens après la crise économique de 2008, font de cet album un des meilleurs du Boss.
A mon avis, la meilleure version live de "Land of Hope and Dreams" :
#4 : The River, 1980
The River (Columbia, 1980)
Sorti en 1980, The River est le cinquième album de Springsteen, et son premier double album. Il dure 83 minutes et quasiment toutes ces minutes sont excellentes. Bien sûr, il y a les chansons célèbres telles que "Hungry Heart" (qui fut le premier hit de Bruce), "Out In The Street" ou "Two hearts", mais le disque renferme aussi des pépites un peu moins connues, telles que "Drive All Night", "Point Blank" ou "Jackson Cage".
Springsteen en parlant des thèmes de l'album, dira :" C'est le premier de mes disques où j'aborde le mariage et la famille", et en effet, l'amour en est un des thèmes centraux.
Au départ, l'album devait être simple, mais Springsteen avait tellement de morceaux qu'il a fallu en faire un double, l'enregistrement s'étalant sur plus d'un an, entre avril 1979 et mai 1980. Ce disque contient aussi des chansons un peu moins fortes, comme "I Wanna Marry You" ou "I'm a Rocker ", mais dans l'ensemble, c'est un excellent opus.
#3 : The Wild, The Innocent & the E Street Shuffle, 1973
The Wild, The Innocent & The E Street Shuffle (Columbia 1973)
C'est le deuxième album de Bruce, et il a un son très différent de ce qu'il fera par la suite. C'est un mélange de rock et de RnB, avec un peu de funk, mais beaucoup moins folk que son premier disque, Greetings From Asbury Park, N.J.
Sur la première face, on commence avec "The E Street Shuffle", très dansante et entrainante, puis " 4th of July, Asbury Park (Sandy)". C'est une puissante ballade folk-rock, basée sur sa jeunesse dans le New Jersey, qui fait partie des morceaux les plus connus de l'album (bien qu'il n'ait pas eu beaucoup de succès).
Viennent ensuite "Kitty's Back", assez lente avec de superbes guitares, et "Wild Billy's Circus Story", chanson un peu triste et mélancolique, inspirée d'un cirque qui passait dans sa ville pendant son enfance.
Et puis la deuxième face commence, trois longues excellentes chansons très différentes les unes des autres. La première, c'est "Incident on 57th Street", longue de presque 8 minutes. Assez douce au début, mais finissant de façon très énergique, c'est une véritable masterpiece, certainement une des meilleures de Bruce. L'outro, au piano se fond dans la guitare flamboyante qui annonce l'arrivée du morceau qu'est "Rosalita (Come Out Tonight).
Cette chanson est tout simplement l'un des meilleurs titre rock de tous les temps. Ecoutez-le pour voir.
L'album se termine en beauté, avec l'immense "New-York City Serenade" qui est indéniablement la meilleure du disque. Elle dure quasiment 10 minutes, et en live, on frissonne quand l'intro au piano et la voix de Bruce commence à chanter : Billy, he's down by the railroad tracks, sittin' low in the back seat of his Cadillac...
Ce disque est vraiment un essentiel de Bruce.
#2 : Darkness on The Edge of Town, 1978
Darkness On The Edge Of Town (Columbia 1979/picture by Frank Stefanko)
Plus de 70 chansons on été écrites durant la période Darkness, mais seulement 10 finiront sur l'album. Les dix meilleures. Parmi les autres, certaines seront données à des amis musiciens qui en feront des tubes, comme "Because The Night" par Patti Smith ou "I'm On Fire" chantée par Robert Gordon. D'autres se retrouveront sur The River, et d'autres dans la compilation Tracks.
Mais là, on parle de Darkness On The Edge Of Town, le premier disque de Springsteen en trois ans, car en plein procès avec son ancien manager.
Le disque est beaucoup plus sombre que ses précédents et est quasiment dans un style hard rock avec des morceaux comme "Adam Raised A Cain" notamment. Il contient quelques unes des plus belles chansons du Boss, comme la calme mais intense "Something In The Night", "Factory", le rock assez lent et plein de souffrance "Streets Of Fire ou le morceau final "Darkness On The Edge Of Town".
Les paroles de cette chanson ont été écrites seulement au moment de l'enregistrer, et au départ, elle fut abandonnée après quelques tentatives d'enregistrement qui n'ont pas marchées. Au dernier moment, Bruce et le E Street Band décidèrent de réessayer, et cette fois, ça marcha plutôt bien, puisque c'est peut-être bien la plus réussie de l'album.
Mais cette chanson a une sérieuse concurrente : "Racing In The Streets". Ça commence avec l'intro au piano par Roy Bittan, qui donne tout de suite le ton, puis la voix de Bruce, chantant l'histoire d'un homme, un peu perdu, qui se passionne pour les courses de voitures dans sa 69' Chevy with a 396 . Au deuxième couplet, la batterie commence, suivie de près par l'orgue de Danny Frederici. Je ne vais pas essayer de la décrire plus, il faut écouter la chanson pour comprendre et être pris dans l'émotion. Sérieusement, il faut l'écouter.
Beaucoup de chansons rock sont aussi présentes sur le disque, "Badlands", "Promised Land" ou "Prove It All Night" qui sont devenues des classiques de ses concerts, mais aussi la très intense "Candy's Room", un peu moins connue mais tout aussi réussie.
Et quand tout ça est mis ensemble, de "Badlands" à "Darkness On The Edge Of Town", on obtient un disque immense et qui vaut définitivement l'écoute. Plusieurs fois, même.
#1 : Born to Run, 1975
Born To Run (Columbia 1975)
Evidemment. Le chef-d'oeuvre absolu, sa merveille, sa pièce maitresse, tout ce que vous voulez, il n'y a même pas de débat : Born To Run est le plus grand album de Bruce Springsteen.
Rien que la pochette est déjà iconique : on voit un jeune rocker à la guitare, mais quand on déplie le disque (vinyle, bien sûr), au verso, on découvre Clarence Clemons et son saxophone. Le symbole est fort, et l'image ne montre que trop bien la complicité entre les deux musiciens, complicité qui atteint des sommets sur cet album, de "Thunder Road" et son solo final épique à "Backstreets", poignante, en passant évidemment par "Jungleland". C'est la meilleure chanson de Bruce, plus de 9 minutes de rock, entre douces notes de piano et solos de guitares enragés, dans les rues de New-York en compagnie du Magic Rat et de la Barefoot Girl. L'histoire est celle d'un mafieux, de son amour avec une fille, de ses aventure à New-York, et pour finir, de sa mort. Le long solo de Clemons, au milieu de tout ça, est au moins aussi parlant et émouvant que les mots de Springsteen.
Bien sûr, on ne peut résumer l'album qu'à cela. En fait, il a été conçu comme une journée, avec des chansons du matin, midi et soir.
On commence par l'harmonica de "Thunder Road",à l'aube, qui devient rapidement un rock endiablé, et se termine en grande pompe, laissant la place au groove de "Tenth Avenue Freeze-Out". Puis arrive "Night", une des moins connues de l'album mais pourtant une des meilleures, tout comme la formidable ballade "Backstreets", qui clôt la face A.
La face B s'ouvre avec le morceau titre : "Born To Run", un rock incroyable qui donne envie de chanter à tue-tête, la tête penchée par la fenêtre d'une Cadillac Eldorado.
Ensuite s'installe le rythme à la Bo Diddley de "She's The One", la chanson d'amour la plus cool qui soit, suivie par l'élégante "Meeting Across The River, simplement au piano, avec la trompette de Randy Brecker qui apporte une jolie touche de jazz.
Et l'album se termine enfin sur "Jungleland".
Comme pour tous les classements, chacun possède son avis, mais il y a bien une chose que tout le monde approuve : Bruce Springsteen sait faire des bons albums.
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