Au départ, je n'avais pas prévu de faire cette review. Au niveau des sorties du 23 octobre 2020, on avait d'abord le retour en force du Boss et le nouveau projet de Gorillaz, Song Machine, dont je pensais parler en premier lieu. Mais en commençant mon article, je me suis rendu compte qu'il n'y avait clairement pas assez de matière : je n'avais rien à en dire, ou du moins pas après quelques écoutes. J'ai donc décidé de poser mes oreilles sur Love Is The King, le quatrième album solo du leader de Wilco Jeff Tweedy. Et j'ai bien fait : folk, doux, chaleureux et sentimental, c'est l'album qu'il nous faut pour passer l'hiver.
L'album, comme beaucoup ces derniers temps, a été enregistré en confinement et donc en solo. On le sent bien dès le morceau d'ouverture Love Is The King, les instruments sont vraiment en phase les uns avec les autres et la production respire le homemade. Les chansons ont aussi été écrites en même temps que le livre de Tweedy How To Write One Song et qui aborde le songwriting à la sauce Jeff, ce mélange de phrases très simples mais belles, de mélodies tantôt délicates, tantôt plus rythmées et d'arrangement très soignés. En 11 morceaux, telles des petites vignettes, il développe son univers si particulier et c'est une parfaite porte d'entrée pour la musique de Tweedy. Reprenons Love Is The King (le morceau, donc) : une guitare acoustique, des petits coups de cymbales, et puis la voix tellement reconnaissable et qui fait tout le charme de la musique. Enfin, un solo de guitare légèrement déstructuré très dans le style de Wilco vient conclure la chanson. On pourrait s'attendre à ce que tout l'album soit dans ce style, folk-rock alternatif, mais non : Opaline plonge dans des racines country/bluesy, simples mais tellement efficaces, Gwendolyn est un peu plus rythmée et rappelle la musique que faisait Wilco dans les années 90-2000, autant musicalement que lyriquement, et Even I Can See est littéralement la définition d'une chanson d'amour réussie, avec des paroles vraiment magnifiques.
Les morceaux sont courts, pas plus de cinq minutes, mais ils sont tellement remplis d'âme et d'émotions que ça suffit. Jeff Tweedy a profité du confinement pour s'explorer lui-même et mettre en musique ses doutes et ses peurs, (Bad Day Lately), ses joies et ses peines (Save It For Me, une vraie perle), ou tout simplement l'amour pur (Guess Again). Néanmoins, même si le disque est chaleureux et dans l'ensemble assez positif, on trouve quand même un évident sentiment de solitude dans Troubled et dans Natural Disaster, une chanson qui contraste avec l'éloge de l'amour exprimé tout au long du disque, puisque assez sarcastique et froide. Si la première moitié de Love Is The King est enjouée, la deuxième est clairement plus sombre et se termine sur une sorte d'entre-deux : Half Asleep, lente et dense, possède une ambiance (qui rappelle un peu Blackstar de David Bowie) pas franchement festive, mais se conclut sur ces mots : "When you need me, I'll be there". Et au final, ça résume assez bien l'album. Love is The King n'est pas indispensable, il n'invente rien de nouveau, il ne révolutionnera pas le monde de la musique, non. Simplement, il est là, il rassure, réconforte et fait du bien. Et c'est bien ça qu'on veut, non ?
Jeff Tweedy - Love Is The King, disponible via dBpm Records
👏👍