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Fontaines D.C. : A Hero's Death, tout ou rien | Review

L'année dernière, on a beaucoup parlé de Fontaines D.C. Les cinq Irlandais sortent leur premier album, Dogrel, en avril 2019 et mettent une grande claque à tout le monde : quarante minutes de post punk explosif, guitares saturées et voix blasées qui font revivre les plus grandes heures du genre. On attendait donc beaucoup de A Hero’s Death, leur deuxième album sorti vendredi. Spoiler : ils ne nous ont pas déçu.




Sous une belle pochette bleue se dissimule un disque plus travaillé, plus soigné que son prédécesseur : le groupe cite comme influences des artistes aussi variés que Suicide ou les Beach Boys, et bien sûr Joy Division.

On démarre en puissance avec le morceau qui fut le deuxième single,  I Don’t Belong. Et on comprend tout de suite que c’est du Fontaines D.C. : les guitares lancinantes de Carlos O’Connell et de Conor Curley complètent parfaitement la voix monotone mais charismatique de Grian Chatten, la basse de Conor Deegan et la batterie de Tom Coll offrent une base rythmique indestructible. Contrairement au morceau d’ouverture de Dogrel (Big), sur I Don’t Belong le tempo est plus lent et plus lourd. Et la plupart des morceaux du disque le sont aussi.

Vient ensuite Love Is The Main Thing, légèrement plus rapide, qui résonne comme une incantation. Ces quatre mots sont répétés quasiment en boucle pendant les quatre minutes de la chanson et la rendent carrément hypnotisante. On peut aussi utiliser ce terme, hypnotisant, pour Televised Mind, le troisième morceau : la basse, la batterie et les riffs de guitare... c’est un des meilleurs moments de l’album, tout comme A Lucid Dream, la chanson suivante.

Ici, on sent beaucoup l'influence de Joy Division, surtout dans l'interprétation de Chatten. Avec sa batterie survoltée et ses guitares explosives, A Lucid Dream est renversante, et c'est un vrai scandale qu'elle ne soit pas sortie en single.

You Said est plus atmosphérique et planante et rappelle un peu les Strokes, par moments. C’est un titre lent, avec des paroles assez énigmatiques qui conviennent parfaitement à la voix plutôt monocorde de Chatten.

Et puis vient Oh Such A Spring, un parfait exemple du changement de style du disque par rapport à son prédécesseur. Là ou les chansons de Dogrel ne faisaient pas dans la dentelle (à quelques exceptions près), les mélodies sur A Hero's Death sont beaucoup plus travaillées, alternant entre les guitares saturées et les arpèges mélancoliques, arpèges qui se retrouvent donc sur la jolie Oh Such A Spring. Cette douceur contraste avec le morceau suivant, indéniablement un sommet de l'album : A Hero's Death.



C'était le premier single à être dévoilé, et un instant classic. A la batterie, Tom Coll propose un rythme qui rappelle le rock du début des années 2000, sentiment accentué par la puissance et la violence de la basse et des guitares. La voix et les paroles de Grian Chatten ne gâchent rien : d'abord il y a cette formule qui revient tout du long de la chanson, "Life ain't always empty", et puis les nombreuses punchlines qui parsèment le texte : "Happiness really ain't all about luck", "Never let a clock tell you what you got time for"...

Le groupe a toujours été friand de formules fortes, comme "My childhood was small/But i'm gonna be big" ou "Charisma is exquisite manipulation", toutes deux issues de Dogrel.

La suite est étonnante : Living In America est assez bruyante et chaotique musicalement. Dans une interview accordée au magazine MOJO, le bassiste Conor McDeegan explique : "Pour Living In America, on avait l'idée d'une ville très bruyante avec le côté romantique qui se cachait en-dessous, (...) quelque chose de mystérieux, ou tu ne sais pas vraiment ce qu'il se passe". C'est exactement l'impression qu'on a en écoutant la chanson, et c'est très réussi.



Par contre, I Was Not Born est celle qui me touche le moins, pour l'instant. Elle manque d'intensité et traîne un peu en longueur. Remarquez d'ailleurs, les morceaux sont en général plus longs que sur Dogrel, avec des intros de plusieurs dizaines de secondes. Bref, I Was Not Born semble être le point faible du disque. Heureusement, la chanson qui suit, c'est Sunny !

Ils avaient cité les Beach Boys dans leurs influences pour ce disque, et c’est sur Sunny qu’on le ressent, légèrement. On est tout de même loin de Good Vibrations, mais ce morceau a une tonalité un peu plus positive que ses confrères, et j’ai même l’impression d’y entendre... un ukulele ? Bon, ce n’est peut-être qu’une impression. En tout cas, Sunny est certainement la chanson qui représente l’été 2020 : agréable, mais mélancolique et légèrement triste.


Sur Dogrel, la dernière piste était occupée par la très réussie Dublin City Sky, une ballade irlandaise fortement inspirée par les Pogues. Et sur A Hero’s Death, on termine avec No. Plus rien à voir avec les ruelles sombres et les pubs animés de la capitale irlandaise : No est indescriptible. Musicalement, certains moments rappellent les envolées guitaristiques d’Explosions In The Sky, la froideur de Joy Division, le sens de la mélodie de The Cure ou la qualité lyristique des Smiths. Et les paroles sont certainement les plus touchantes et les plus abouties de tout le disque.

 

A Hero’s Death n’est donc pas un disque dont on sort indemne. Quasiment chaque chanson est une réussite, un mélange de violence et de tendresse, et une fois qu’on l’a fini, il ne reste qu’une chose à faire : le réécouter tout de suite. Le groupe est une des figures de proue du renouveau du rock anglais, et on ne peut qu'espérer qu'il continue à produire des albums de cette qualité. Alors, la mort d’un héros ? Non, plutôt la naissance de légendes.

 

Fontaines D.C. - A Hero's Death, disponible via Partisan Records, en physique et sur toutes les plateformes de streaming.



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