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Photo du rédacteurLorenzo Inno

Jeff Lynne, le magicien de la pop

Dernière mise à jour : 9 sept. 2020

Cet article va vous conter la carrière et la vie d’un homme auquel on ne songe pas forcément quand on parle d'un talentueux musicien pop-rock, et pourtant ! Il a créé énormément de titres célèbres et a collaboré avec les plus grandes légendes de la musique : je vous présente Jeff Lynne.




Jeff Lynne naît le 30 décembre 1947 à Birmingham, grande ville du centre de l’Angleterre. Sa carrière musicale commence lorsqu’il a 20 ans : il fait ses armes au sein du groupe The Idle Race, puis enchaîne l’année suivante avec The Move. C'est là qu'il rencontre un certain Roy Wood (et non pas Ron Wood, rien à voir), le guitariste, mais surtout le batteur Bev Bevan. En 1970, Jeff, Bev et Roy créent le groupe Electric Light Orchestra. Ah, là, ça vous dit quelque chose ! Ils auraient pu rester en trio, mais Jeff a de grandes ambitions : créer un nouveau genre de rock, voire carrément un tout nouveau style de musique, plus contemporain. C’est pour cela qu’il engage le violoniste Mik Kaminski, le violoncelliste Hugh McDowell et le pianiste Richard Tandy.

ELO sort son album du nom deThe Electric Light Orchestra (très original) en 1971, et ça ne sera pas un énorme succès, ni critique ni commercial. Bon, c’est vrai que c’était pas encore ca : on dirait un peu les Beatles, mais en moins bien. Il n'y a que le morceau Queen Of The Hours qui n'est pas si mal. Roy Wood n'est pas satisfait et ne voit aucun avenir en ELO, donc il quitte le groupe et en forme un autre, du nom de Wizzard. Il avait du flair ce Roy : en 1973 sort le deuxième opus, sobrement nommé ELO 2. L'album obtient un grand succès commercial et critique, surtout grâce à son titre phare, l‘excellente reprise de Roll Over Beethoven, par Chuck Berry. Mais on peut aussi noter la présence de la funky Showdown et de la soft-rock Everyone’s Born To Die.



En 1974, leur troisième album, On The Third Day, connaît un succès équivalent. Il contient la très belle Bluebird Is Dead, la mini-symphonie instrumentale pop-rock du nom de Daybreaker, et puis la très rock et entraînante Ma-Ma-Ma Belle. Le riff est simple, certes, mais bien arrangé avec les violons et violoncelles qui donnent un côté grandiose. L'Electric Light Orchestra enchaîne, toujours en 74, avec un merveilleux disque : Eldorado. C’est une pépite, qui s’écoute d’une traite et qui fera entrer ELO dans le top 10 aux Etats-Unis. C'est aussi à ce moment qu'entre en scène le nouveau bassiste, Kelly Groucutt. L’album Face The Music sort l'année suivante, avec le même succès , surtout grâce au génial single Evil Woman. D’ailleurs voici une petite anecdote : sur ce disque, le morceau Nightrider ne s’appelle pas comme ça par hasard. Nightrider fut le tout premier nom auquel Jeff Lynne pensa quand il cherchait un nom pour le groupe. Mais finalement, il changea très vite d'avis, et c'est bien mieux comme ça.

C’est en 1976 que la bande à Jeff atteint son apogée, grâce a l’album A New World Record, avec les douces Telephone Line et Livin’ Thing en tête des ventes, mais c’est pourtant en 77 qu’ils sortiront LE morceau auquel tout le monde pense quand on mentionne l'Electric Light Orchestra : vous l’aurez deviné, c’est bien sûr Mr. Blue Sky, issu de l'album Out Of The Blue.



Le disque s’ouvre avec la très pop et joyeuse Turn to Stone, et un peu plus loin on trouve Night In The City, une chanson assez rock mais qui sonne un peu datée maintenant, ainsi que beaucoup d'autres très bons morceaux.

En 1979, c'est au tour de Discovery qui contient lui aussi deux très célèbres morceaux : d'abord, l'hymne disco Last Train To London, dont je n'arrive pas à enlever le refrain de ma tête, et puis la très rock Don’t Bring Me Down. Les trois derniers albums sont clairement moins bien, même si on y trouve quelques petites pépites. Par exemple, 21st Century Man, avec ses paroles qui prédisent étonnement  bien la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Il y a aussi Rock’n’roll Is King qui sonne très sixties cadillac à côté d'un diner de L.A.. La raison pour laquelle ces disques sont moins bien, c'est que Jeff Lynne en avait marre de ELO et voulait faire au plus vite les derniers opus et ainsi terminer le contrat qui le liait au label Jet Records. Une fois ses obligations remplies, le groupe se sépare en bons termes. 


Jeff Lynne à la fin des 80s (Michael Putland/Getty Images)


Jeff se sent enfin libre de créer d'autres choses avec d’autres musiciens, et c'est principalement en tant que producteur qu'il continue sa carrière dans l'industrie de la musique. Il produira d'abord certains albums des Beach Boys, de Tom Petty et même les disques de George Harrison (le très réussi Cloud Nine), de Ringo Starr et surtout de Paul McCartney avec le génial Flaming Pie en 1997. C’est d’ailleurs avec les trois Beatles restants et George Martin qu’il est en charge du projet Anthology, un énorme triple-coffret regroupant des versions alternatives, des démos et deux chansons inédites de John Lennon, Free As A Bird et Real Love, autour de l'année 1995.

Mais bon, là, on a un peu trop avancé dans le temps. Retournons en 1988. C'est là qu'il se retrouve dans un autre groupe, seulement deux ans après avoir mis fin à ELO. Cette nouvelle formation, c'est The Traveling Wilburys, un supergroupe composé de George Harrison, Roy Orbison, Tom Petty, Bob Dylan et donc Jeff Lynne. Vous en conviendrez, de parfaits inconnus qui n'y connaissent rien à la musique.


Heading for the light : les Traveling Wilburys en 1988


L’histoire de la création du groupe est plutôt cocasse : c'est d'abord Harrison qui appelle Dylan pour lui demander s´il peut utiliser son studio, et à ce moment là, l'ex-Beatles est en train de manger avec Lynne et Orbison. Par la force des choses, ils se mettent d'accord pour tous se retrouver en studio. Tom Petty, lui, n'est pas dans le projet au départ, mais il est invité peu après par Harrison. Ils participent donc tous à l'enregistrement de Handle With Care, qui était la chanson pour laquelle Harrison voulait utiliser le studio. Voyant que le courant passe bien, ils enregistrent tout un album en seulement dix jours et c’est  un succès  inattendu. Les membres ne sont pas présentés sous leurs vrais noms : on trouve Otis Wilbury, Nelson Wilbury, Charlie T. Junior, Lefty Wilbury et Lucky Wilbury. A vous de deviner qui est qui !



En octobre 88 sort donc The Traveling Wilburys Vol.1, considéré maintenant comme un classique, et puis Roy Orbison meurt en décembre de la même année. Ils décident quand même de surpasser ce malheur et d'enregistrer un second album, The Traveling Wilburys Vol.3 (ne cherchez pas le volume 2, il n'existe pas) sort en octobre 1990.

La même année, Jeff sort son disque solo Armchair Theater, qui n’est plutôt pas mal malgré les mauvaises critiques à son sujet. Encore en 1990, décidément, Bev Bevan quitte Black Sabbath, groupe dans lequel il avait été batteur pendant un moment pour reformer Electric Light Orchestra avec Mik Kaminski et Kelly Groucutt. Jeff s’y oppose fermement et la formation se renomme donc ELO Part II, et sort deux mauvais albums. Il faudra attendre 2001 pour que Jeff et le groupe se retrouvent enfin pour refaire un disque, malheureusement mauvais. Personne ne sera satisfait de l’album Zoom, et la tournée du come-back devra même être raccourcie, faute de spectateurs. Le groupe se rendort, puis reviens avec Alone In The Universe en 2015. Je vous rassure, c’est toujours très moyen, mais ça leur a quand même permis de remplir le stade de Wembley en 2017. Ils ont même remis ça en 2019 avec From Out To Nowhere, raté, malgré un bon single, et depuis, ils tournent toujours.


 

Jeff Lynne a eu un rôle vraiment déterminant dans la pop et le rock de ces dernières décennies. Il a quasiment inventé un nouveau style avec ELO et aura travaillé avec les plus grands. Jeff est un peu un homme de l’ombre, que trop peu de gens considèrent à sa juste valeur. De plus, en 40 ans de carrière, il a réussi à garder toujours la même coupe de cheveux, et ça c'est un exploit.

Allez, voici une playlist pour vous mettre du Lynne dans les oreilles !


Playlist


Les indispensables :

  • ELO - Eldorado

  • ELO - Out Of The Blue

  • ELO - Discovery


Aller plus loin :

  • The Traveling Wilburys - Vol. 1

  • Jeff Lynne - Armchair Theatre

  • ELO - A New World Record


 

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